Quand « merci » signifie plus que ce que l’on pense: une réflexion sur le consentement et nos conditionnements

Ce matin-là, une femme partage une prise de conscience sur les réseaux sociaux. Elle discute avec un ami, avec qui elle partage parfois des moments de tendresse. Elle lui propose de se rencontrer, mais sans rapport sexuel, et il accepte. Elle le qualifie alors d’« adorable ». Jusque-là, rien de choquant.

Cependant, elle réalise que ce simple « merci » et ce « tu es adorable » révèlent un conditionnement profondément ancré : l’idée que, par défaut, un homme attend davantage. Elle se sent obligée de remercier un homme de « se contenter » d’un câlin, comme si le respect du désir de l’autre n’était pas une évidence, mais un privilège.

Cela peut sembler anodin. Pourtant, combien de fois avons-nous, hommes ou femmes, intégré l’idée qu’il faut remercier quelqu’un pour avoir respecté un « non » ? Combien de fois avons-nous entendu ou même prononcé des phrases comme « c’est gentil de ne pas insister » ou « merci de comprendre »… alors que cela devrait être la norme dans une relation saine : un consentement mutuel, libre et sans condition.

Ce mot « adorable » met en lumière un déséquilibre invisible. Il nous renvoie à nos réflexes, à ce que nous avons appris à attendre ou à accepter, parfois malgré nous.

Dans les groupes de parole d’hommes du RHB, nous explorons souvent nos manières d’être en relation, notre rapport au désir, à la tendresse et à la sexualité. Nous apprenons à écouter sans vouloir prendre, à exprimer une envie sans qu’elle soit une exigence, et à nous laisser transformer par la présence de l’autre, au-delà de ce que l’autre nous « donne ».

Ce témoignage m’a profondément touché. Il nous invite, nous hommes, à réfléchir :

  • Comment réagissons-nous lorsque notre désir n’est pas partagé ?
  • Pouvons-nous percevoir un « non » comme une marque de confiance et de respect, plutôt que comme un rejet ?
  • Et surtout… comment cultivons-nous en nous la capacité d’être présent, sans attente, simplement pour le lien ?

Peut-être que ce n’est pas si simple. Peut-être que cela exige de revisiter nos automatismes. Mais c’est un chemin de conscience, un chemin d’humanité. Et c’est précisément ce à quoi nous invite le RHB.

Michel Settembrino

Président du Réseau Hommes Belgique