Janvier 2016

Existe-t-il encore une place pour le RHB en 2016 ?

Jusqu’à la fin de ce mois c’est l’époque des vœux. Vous accepterez donc que je vous adresse les miens. Je le fais avec beaucoup de chaleur en souhaitant que cette année nous permette de vivre pleinement notre vie d’homme et d’être humain.

Quels vœux pourrais-je formuler pour le RHB ? Que puis-je souhaiter sinon qu’il puisse faire face à la question : les groupes de parole d’hommes répondent-ils encore à un besoin réel comme à leur origine il y a plus de vingt ans, lorsque Guy Corneau écrivait ‘Père manquant, fils manqué’ ?

La société actuelle, l’image et le rôle du père, l’insertion des hommes dans leur environnement social, pour ne prendre que ces quelques exemples, sont-ils encore aujourd’hui ce qu’ils étaient alors ? Le RHB a-t-il encore une place dans notre société actuelle et un rôle à y jouer ?

J’ai été interpellé par l’interview de Thierry Janssen dans le numéro de novembre 2015 de Psychologie Magazine. Thierry Janssen était un chirurgien de renom promis à une très belle carrière. Il s’en est retiré pour s’engager dans une pratique autre de la médecine, plus proche des patients et de l’être humain. Il y a consacré plusieurs livres et conférences.

Il y a deux ans, il prit de la distance avec cette activité devenue trop prenante et il sort aujourd’hui d’une retraite qui l’a emmené dans une « nuit noire de l’âme » puis relié à son essence profonde.

« J’ai traversé le désert, mais cela m’a permis de faire la différence entre exister et être. Exister vient de ‘existare’ en latin qui signifie ‘se porter au dehors’. Exister c’est vivre à l’extérieur, faire et avoir pour paraître. Etre vient de ‘essere’ qui est lié à ‘essentia’ : l’essence, ce qui reste lorsque l’éphémère a disparu. Etre c’est vivre depuis l’essentiel, au service de l’essentiel. »

A quoi donc sommes-nous ainsi invités ? Privilégier l’Etre et non l’exister, vivre de l’essentiel, loin du ‘paraître’, des ‘il faut que’ et des ‘on doit’, mais en contactant au profond de soi, dans son intime, le ‘je’ et le ‘parler vrai, juste, authentique’.

N’est-ce pas justement cette démarche qui est à la base de la pratique de nos groupes de parole ? N’y trouvons-nous pas le lieu où il nous est possible de cultiver et de partager avec d’autres hommes des morceaux de ce jardin intime, reflet de notre profondeur et de notre vraie humanité ?

C’est en ce sens que je suis convaincu de l’intérêt de promouvoir encore et surtout aujourd’hui la pratique de la parole vraie. Tel est mon souhait pour 2016 et au-delà.

Longue vie à un tel RHB !

Jean FRENAY